La filière n’est pas bien… huilée !
L’oléiculture, première richesse arboricole de l’Algérie, a besoin d’une meilleure prise en charge de tous les intervenants, à savoir l’administration et les différents opérateurs qui activent dans cette filière.
En dépit de quelques avancées enregistrées çà et là, la stratégie d’accroissement mise en œuvre n’a pas apporté, pour le moment, les résultats escomptés. En d’autres termes, il existe une large manœuvre de croissance pour la production d’huile d’olive dans notre pays. Or, force est de constater que l’environnement dans lequel évolue cette filière ne lui est aucunement favorable.
Une salvatrice structuration et une meilleure gestion sont deux paramètres impératifs à son développement. L’huile d’olive de Kabylie, pour ne citer que cet exemple, reste encore prisonnière du circuit local et fermé.
Les certifications, indispensables au demeurant, tardent à s’établir sur ce produit et ne fera que morceler l’oléiculture sans filière structurée et fragile pour l’instant. “L’état déplorable des vergers oléicoles de la Kabylie actuellement nous contraint à nous pencher sérieusement sur l’avenir de l’oléiculture dans la région”, constate Nagueb Ladjouzi, un expert en oléiculture qui a réalisé des études approfondies sur cette spécialité. Il relève le non-entretien des arbres, des sols pollués ainsi que des méthodes de cueillette par gaulage qui ne font, selon lui, que dégrader les oliviers, les olives et la qualité de l’huile d’olive avec des forts défauts dus à des fruits oxydés.
Pour M. Ladjouzi, on ne peut parler pour l’instant d’huile d’olive biologique en laissant les arbres à l’état naturel, sans taille, ni travail du sol avec une présence d’insectes et de maladies. “L’huile d’olive de Kabylie doit être mise sur un rail professionnel et économique. Oléiculteurs et acteurs commerciaux extérieurs doivent travailler en étroite collaboration”, avoue cet observateur très au fait de ce créneau en Algérie. Bachir Khodja, porte-parole de la Fédération algérienne de l’olive, explique, dans un entretien à Liberté, que le “degré de maturité des olives au moment de la trituration affecte aussi bien la qualité que le rendement d’extraction des huiles produites”.
Les olives doivent être récoltées, insiste-t-il, au juste degré de maturation. Le meilleur système de récolte est, propose-t-il, la méthode traditionnelle, notamment la “cueillette à la main sur l’arbre qui permet de cueillir le fruit au degré de maturation voulu, dans les meilleures conditions, intact et sans aucun contact avec la terre”. Plus explicite, M. Khodja atteste : “La qualité de l’huile d’olive dépend principalement de la matière première qui est l’olive et du processus d’extraction.” Les huiles produites par les presses sont essentiellement de qualité moindre, dit-il, par rapport à celles produites par le système de centrifugation à deux phases.
Le produit gagnerait également à être encouragé par les Chambres de commerce pour son exportation. Cela passe, entre autres solutions, par la “simplification des procédures administratives au profit des moulins qui ont cette ambition d’aller à la conquête de nouveaux marchés d’outre-mer”, indique, pour sa part, M. Ladjouzi. La plupart des moulins à huile, affirme-t-il, restent, pour l’instant, trop petits et tributaires des services agricoles du ministère de l’Agriculture. “En ce qui me concerne, je travaille avec des huileries en Kabylie pour les aider à développer l’image du produit et la typicité de cette huile en réduisant ses défauts sur le sensoriel et en innovant sa saveur par des goûts plus complexes et complets”, souligne Nagueb Ladjouzi qui souhaite qu’un jour, l’huile de Kabylie retrouve son lustre d’antan et ce qui a fait sa notoriété au début du XXe siècle. Ce n’est plus le cas, puisque l’huile d’olive algérienne n’a pas su, déplore-t-il, se développer en communication publicitaire sur les plans national et international, dans des chaînes commerciales et/ou les médias.
L’Algérie, faut-il le préciser, est un grand producteur d’olives et d’huile d’olive, mais ses exportations en ces produits sont encore faibles. Notre pays, qui cherche à accroître les surfaces de la culture d’olivier, avait ambitionné de la porter à 500 000 hectares en 2014, sachant que le secteur dispose d’une superficie de l’ordre de 350 000 ha avec plus de 32 millions d’oliviers répartis sur 100 000 exploitations oléicoles. Le bilan de l’Observatoire national des filières agricoles et agroalimentaires (Onfaa) affiche une superficie du verger oléicole au cours de la campagne 2015/2016 à 471 657 ha.
La production devra enregistrer une nette hausse durant la campagne 2015/2016. Le ministère de tutelle table sur une production de 6,7 millions de quintaux.
B. K.
source:http://www.liberte-algerie.com/actualite/la-filiere-nest-pas-bien-huilee-261427